Pendant des années on n’a utilisé en broderie que du fil d’or ou de la soie, rare et cher, ce qui réservait son usage aux riches ou au clergé. L’introduction de fil à broder en coton dont la teinture supportait le lavage a donc été une révolution. Ce premier coton à broder était fabriqué tout d’abord en Turquie et teint en rouge d’où son nom Turkey Red (rouge turc).
La fabrication du « Rouge Turc » était complexe et fut gardée secrète pendant des décennies. Aujourd’hui encore la recette complète pour le faire n’est pas connue et reste mystérieuse.
Le Redwork fut créé en Angleterre à la « Royal School of Art Needlework » de Kensington. Les étudiants décidèrent de travailler leurs dessins en brodant simplement le contour. Pour cette raison le point fut appelé le Kensington Stitch.
On ne sait trop comment la technique gagna l’Amérique. On sait qu’il fut introduit quelques temps avant la guerre civile et devint vraiment populaire vers la fin des années 1870. Le fait que la couleur résistait au lavage et ne passait pas rendait ce fil indispensable lorsqu’il s’agissait de broder des objets usuels comme serviettes de toilettes, torchons ou tabliers. Tout était brodé. Dans son livre « Red and White: American Redwork Quilts » la spécialiste et enthousiaste du Redwork Deborah Harding écrit: « Mandatées pour décorer tout les objets visibles d’une maison avec de la broderie, les femmes prirent leur tâche très au sérieux ».
Et cela a permis à des gens moins fortunés de décorer leurs vêtements … et leurs quilts.
Facile à faire – on brode simplement le contour du dessin, bon marché – le coton était abondant en Amérique. Très vite les commerçants utilisèrent cette vogue. Les éditeurs faisaient cadeau d’un ou plusieurs modèles pour chaque abonnement et publiaient des dessins dans les colonnes de leurs journaux. Et chaque abonnée qui en amenait d’autres pouvait gagner le matériel nécessaire au travail: des patrons perforés, une poche de poudre spéciale pour le transférer sur le tissu et les instructions nécessaires. On vendait des roulettes spéciales pour faire soi- même les dessins perforés. En fait cette technique de reproduction des dessins était courante à une époque ou le carbone était rare, cher … et indélébile. J’ai vu ma grand mère faire ce type de travail et j’ai encore la roulette dont elle se servait! Certes en 1970 on inventa le transfert à chaud (avec le fer à repasser). C’est beaucoup plus commode, mais chaque feuille ne peut servir qu’une fois ce qui rend la technique plus coûteuse.
Très vite aussi les marchands commencèrent à vendre des carré de mousseline de 15 cm de côté imprimés de dessins variés pour 1 penny. Et ces carrés étaient utilisés la plupart du temps pour améliorer les talents de brodeuses des petites filles- d’où les motifs souvent enfantins.
Mais ce n’est qu’au début du XXème siècle que le Redwork commença à être utilisé pour des quilts. Ces quilts sont faits à partir des dessins les plus variés. Barbara Brackman écrit: « paniers de fleurs et bouquets, chansons d’enfant et les nouveaux thèmes tels que les oiseaux et fleurs symboles de chaque état sont des sujets typiques de ces quilts »
Ces dernières années, le redwork est revenu à la mode. Simple et charmant il a encore de beaux jours devant lui.
sources: http://www.prettyimpressivestuff.com/redwork.htm
http://sunsetthreads.bizland.com/redwork_monthly_sunbonnets___col.htm