Broderie

Dés qu’ils eurent inventé le tissage et les multiples usages du tissu, les hommes ont cherché à décorer et embellir leurs réalisations. Ils trouvèrent tout d’abord le moyen de teindre le tissu, ce qui conduisit les Egyptiens à appliquer des morceaux de couleur sur leurs draperies ou vêtements. Ils apprirent très vite aussi à décorer en utilisant simplement des fils de couleur … La broderie était née.

L’avantage de la broderie vient tout d’abord de ce qu’elle ne nécessite aucun outillage compliqué : du fil, une aiguille suffisent pour se lancer.

broderie espagnole

détail d’un service de table en broderie espagnole

Cet art millénaire  revêt des formes multiples. A la base un certain nombre de points, point de tige, point de chaînette, point de croix, point d’épine, point de feston, passé empiétant… Au fil du temps les points se sont créés permettant de réaliser des décors simples ou ultrasophistiqués suivant que l’on est une brodeuse débutante ou confirmée. Ces points de base ont donné naissance à de multiples variations et peuvent se combiner entre eux. Les crazy quilts de l’époque victorienne montrent une incroyable quantité de variantes, chaque variation pouvant être enrichie à son tour. Chaque pays, chaque région a su utiliser cette base pour créer un type de broderie qui lui est propre.

La broderie est très souvent un art populaire: les tissus riches ( velours, brocards, soies) , étaient accessibles aux seules classes aisée. Quelques fils de couleur et un peu d’habileté transforment le moindre morceau de toile et donnent un aspect précieux à des vêtements qui , sans elle, seraient tout à fait ordinaires.

L’évolution du fil a permis aux brodeuses de faire leur travail de plus en plus facilement.

Autrefois on utilisait essentiellement de la soie (brillanté d’Alger) pour les peintures à l’aiguille, des fils d’or pour les ornements d’Eglise ou les uniformes et du cordonnet ou  du fil pour les broderies blanches et les dentelles. La laine était réservée aux tapisseries au petit point.

Broderie malgache

détail d’un dessus de table en broderie malgache

Actuellement  le mouliné et le coton perlé  résistants et multicolores permettent un nombre incroyable de réalisations. Le coton est plus solide que la soie, s’effiloche moins pendant le travail et les couleurs employées pour le teindre sont très résistantes.

La vogue d’un point compté  que l’on veut de plus en plus fin a fait pratiquement disparaître le coton perlé. Pour ma part, c’est lui que je préfère utiliser en raison de sa résistance et du relief qu’il donne à la broderie.

Je brode depuis ma plus tendre enfance et j’adore ça. J’ai donc expérimenté des tas de choses et mon amour du patchwork me pousse à les utiliser principalement sur les crazys ou des appliqués. J’aime les broder, les orner de motifs en passé plat ou en rubans, ou créer de nouvelles variantes pour les points traditionnels. C’est un tel bonheur de voir la surface s’animer peu à pas, prendre relief et vie, ajouter une touche sophistiquée à un ensemble plus rustique… . je ne me lasse jamais.

Les Broderies d’or

chasuble-brodee-dor

anonyme XIXème siècle, collections musée Fesch

Elles  ornaient les vêtements de cour ou d’Eglise et aussi la plupart des uniformes sont actuellement pratiquement abandonnées. Il n’en reste que les stupéfiants témoignages exposés dans les musées ou les églises.

La suppression de la pompe ecclésiastique et la montée du prix de l’or ont probablement beaucoup contribué à ce déclin.

broderie-d-amiral-de-la-marine-francaise-la-mai-

broderie-d-amiral-de-la-marine-francaise

De tous temps aussi les broderies d’or ont orné les uniformes de parades portés par les hauts gradés de l’armée, de la marine ou de l’aviation.

La broderie envahissait aussi le quotidien: Les draps du trousseau, les nappes et serviettes de table mais aussi  les vêtements de fête,  étaient richement brodés ce qui dissimulait  le manque de fantaisie  des toiles  tissées à la maison. Et la plupart des sous- vêtements étaient brodés aussi. Je revois encore ma mère, dans les années 50 décorant ses combinaisons ou chemises de nuit de bordure festonnées.

lingerie des années 1930

lingerie des années 1930
d’un « Modèle d’Ouvrage » de ma grand mère

La plupart des objets qui devaient se laver souvent ne pouvaient être brodés qu’en blanc . En effet   on ne savait pas fabriquer de fils de coton  grand teints et les fils de soie n’auraient pas eu la résistance nécessaire. Il a fallu  attendre le XIXème siècle et les cotons colorés en rouge turc  utilisés pour le « redwork« pour découvrir les joies des cotons de couleur.

Petit à petit l’arrivée de fins tissus multicolores  pour confectionner les draps, la suppression de la grande majorité des sous vêtements, a amené un abandon presque complet de ce type de travail. Les petites filles ne brodent plus leur trousseau et les femmes achètent des sous vêtements tout prêts et déjà décorés … Les beaux jours de la broderie à la main sont passés. A quand le revival?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.